Portraits

France, journaliste et scénariste

1 juillet 2019

J’ai rencontré France à Los Angeles, où elle suit une formation à l’écriture de scénario. Entre ses cours de yoga, ses séances de sport, ses virées à la plage ou à San Francisco, France écrit. Beaucoup. Après un documentaire qui l’a fait connaître du grand public, Love me Tinder, elle travaille sur différents projets au long cours et crée un univers qui lui ressemble : drôle, fantasque, décalé, sensible, profond et très humain.

« Ce que j’aime dans l’écriture… c’est tout ce qui vient après. Quand ce que j’écris prend vie, se concrétise, s’incarne sur le terrain et prend du « volume ». Aujourd’hui je mène quatre projets en parallèle : un livre, un documentaire, un court-métrage et bientôt un long métrage. Je me laisse quatre ans pour réaliser tout ça !

A l’origine, je suis journaliste. Enfin, la vraie origine c’est l’ESSEC, puis quelques boulots à droite à gauche en conseil et en marketing, et… un burn-out, à 29 ans. A l’époque, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire, alors que je me suis dirigée vers le métier le plus généraliste qui soit : le journalisme. J’aimais bien la liberté qu’offrait ce métier – j’allais enfin pouvoir dire ce que je voulais, comme je voulais, et travailler de manière indépendante. J’aimais aussi le mélange entre écriture en solitaire et travail sur le terrain. Je n’ai jamais regretté mon choix. Je me suis retrouvée très vite à travailler dans l’audiovisuel, et j’ai fait mes premières armes en tant que réalisatrice. J’ai fait le cours Florent, ceci explique peut-être cela. J’ai toujours aimé la mise en scène.

Aujourd’hui, les quatre formats sur lesquels je travaille – essai, fiction, documentaire – sont très complémentaires et me permettent chacun à leur manière de m’exprimer, de montrer qui je suis et d’explorer les thématiques qui me tiennent à cœur : l’amour, les sujets de société, la technologie, les communautés étranges, les sujets un peu décalés… Ce qui m’intéresse c’est l’excentricité, le « bizaroïde », ce qui ne rentre pas dans les cases, le jamais-vu et le jamais-dit. C’est de cette manière que j’aborde mes sujets : en essayant de trouver l’angle ou le traitement qui sort de l’ordinaire et qui va capter l’attention du lecteur et du spectateur. L’humour n’est jamais loin. J’aime parler de sujets profonds, voire graves, sous le prisme de la comédie. L’humour permet de donner une force particulière aux messages qu’on délivre. L’émotion m’intéresse beaucoup aussi : capter la fragilité, la beauté, la tristesse parfois, réussir à faire naitre un « boulgi boulga » émotionnel… c’est un travail passionnant. C’est difficile à faire en journalisme et c’est en partie pour cela que j’ai envie d’explorer d’autres formes créatives comme l’écriture de scenario.

Paradoxalement, dans mes projets, la phase d’écriture n’est pas celle que je préfère, loin de là. Je trouve que l’écriture est un exercice masochiste, auquel j’ai du mal à m’astreindre pendant des heures et des heures. Heureusement, j’ai été sportive de haut niveau (France a été championne de France de snowboard, ndrl) et la discipline mentale que j’ai développée pendant ces années m’aide beaucoup aujourd’hui ! Le sport a été une excellente école, et continue de l’être de ce point de vue.

Les phases que je préfère sont celles de l’idéation – j’adore trouver de nouvelles idées, j’en ai toujours mille en tête – et celle de la finalisation du projet – quand enfin tout prend vie. Je ressens à ce moment-là une vraie fierté, un grand sentiment d’accomplissement. C’est la récompense ultime, après parfois un parcours du combattant. Car il faut beaucoup se battre pour voir ses idées se concrétiser. On essuie beaucoup de refus et finalement peu de projets aboutissent. Alors il faut persévérer, écrire toujours plus, s’adapter. Dans ce milieu, il est essentiel d’avoir le goût du risque, d’avoir confiance et soi et d’être extrêmement tenace. Je rêve parfois que les chaînes soient plus rapides et les producteurs moins frileux. Mais on apprend à vivre au présent, à suivre son intuition, et à s’accrocher ! Et à poursuivre inlassablement son but : faire exister ce qui n’existait pas, faire émerger quelque chose du néant et créer ce que personne n’avais encore imaginé. »

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