Portraits

Hélène, rédactrice freelance et scénariste

16 juillet 2018

J’ai rencontré Hélène sur les bancs d’Henri IV, en hypokhâgne. Quand je lui ai demandé ce qu’elle voulait faire dans la vie à l’époque, elle m’a répondu qu’elle voulait être « star de cinéma ». Je l’ai bien regardée pour savoir si elle plaisantait. Mais non. Je me suis dit que cette grande brune aux cheveux longs était une drôle d’hurluberlue. Mais elle m’a bien plu, et j’ai eu envie d’être son amie. Quinze ans plus tard, après avoir été prof d’anglais puis attachée de presse en agence, assistante parlementaire et « plume » de dirigeant dans le milieu politique, Hélène écrit et se forme au métier de scénariste.

Bientôt, elle sera une star de cinéma.

Quand les gens me demandent ce que je fais dans la vie, je réponds que je suis rédactrice freelance et aspirante scénariste. Et mille autres choses à droite à gauche, comme dating assistant, qui consiste à accompagner un client sur une application de rencontre, depuis la création de son profil jusqu’à l’organisation du premier rendez-vous.

J’ai toujours besoin de mener de front plusieurs projets, quitte à parfois m’épuiser… J’aime cette diversité d’expériences, ce foisonnement. L’important pour moi c’est de rester en alerte : avoir des antennes pour capter les opportunités, et surtout accepter les idées quand elles viennent. Ne jamais laisser retomber la balle, être sans cesse en mouvement.

Je n’essaye pas de construire, ni de chercher une cohérence. J’essaye juste d’être à l’écoute de mes envies. Nous avons tous en nous une source d’énergie. Le but, c’est de s’en rapprocher le plus possible à l’aide de l’intuition, qui joue le rôle de bâton de sourcier. C’est à ce moment-là que l’on peut se sentir vraiment heureux, que l’on se sent vraiment à sa place.

C’est parfois très difficile, car il y a pleins de raisons qui nous coupent de notre petite voix intérieure. Notamment la peur de sortir de sa zone de confort. Autour de moi, j’identifie deux mondes : le monde des gens qui ont des emplois stables, et le monde des gens qui osent sortir de cette stabilité. J’adore le milieu du cinéma car il est rempli de gens qui appartiennent au deuxième monde. Qui se sont autorisés à dire un jour « je veux travailler dans le cinéma ». Moi qui suis fille de profs, cette phrase m’a longtemps intimidée, je n’osais pas vraiment me dire que c’était possible. Mais le cinéma, c’est un univers de rêveurs, où tout semble possible. Et c’est paradoxalement très rassurant.

J’ai été guidée pendant toutes ces années par ma passion pour l’écriture. J’ai toujours beaucoup aimé écrire. Peut-être parce que c’est assez fréquent chez les gens un peu introvertis. C’est aussi peut-être une façon inconsciente de m’inscrire dans la lignée paternelle : mon père écrit très bien et s’est toujours rêvé en grand écrivain.

Bien écrire pour moi, c’est avant tout savoir observer les choses. Comprendre le monde et l’expliquer aux gens. Mon inspiration, je la trouve partout : dans les livres, et surtout dans ce que j’entends autour de moi. Je « vole » énormément de phrases et d’expressions aux gens qui m’entourent ! J’écoute beaucoup et je remplis des carnets entiers de ces petites phrases saisies à la volée, qui constituent des milliers de petites histoires, de points de vue sur le monde, de pensées drôles ou tristes, de réflexions légères ou profondes. C’est dans cette matière quotidienne que je puise quand il s’agit d’écrire. A terme, grâce à tout ce savoir accumulé, je me vois d’ailleurs très bien devenir coach de vie !

Si j’ai fait le choix de travailler en freelance, c’est avant tout par désir de liberté. Liberté de travailler quand on veut, avec qui on veut. De partir en vacances au moment qui nous arrange, et même de travailler depuis l’étranger. J’adore le fait de pouvoir écrire d’où je veux. Par exemple, j’adore travailler dans des cafés. J’écris aussi beaucoup dans… mon lit ! Et quand je suis en panne d’inspiration, je fais la vaisselle, ou je vais au pressing. Pendant ce temps-là, les mots continuent de danser dans ma tête, et le travail se poursuit !

Je procrastine assez peu lorsqu’il s’agit d’écrire. Je suis assez disciplinée. Devant une page blanche, ma technique, c’est de me lancer, sans trop réfléchir, et sans essayer de faire forcément bien du premier coup. Je pose la matière, même de manière très imparfaite, et ensuite je taille, je sculpte, je réorganise. Parfois je suis satisfaite de ce que j’écris mais le lendemain, en me relisant, je me dis qu’il faut tout recommencer. Que les vérités sont trop nues. Que la matière n’a pas été assez travaillée, que tout est encore trop brut. Un texte réussi pour moi c’est un texte qui ne « sent » pas le travail. Il faut que les mots coulent de source, que l’ensemble ait un air d’évidence et de naturel. Que l’on puisse croire qu’écrire, c’est facile.

Ma priorité aujourd’hui, c’est mon devenir en tant que scénariste. C’est parfois difficile de ne pas me laisser déborder par toutes mes autres activités et de consacrer du temps à l’écriture de scénario. Mais j’essaye de garder le cap. J’ai travaillé de mars à octobre 2017 pour la série TV Baron Noir. Et en septembre, je m’envolerai pour Los Angeles, pour 8 mois de formation à l’écriture scénaristique à l’UCLA (l’Université de Californie à Los Angeles). Le début du reste de ma vie !

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