Banlieue parisienne. Ciel mauve et ocre : le jour se lève.
Le grincement des roues sur les rails résonne dans le silence de gares désertes et de villes assoupies. Bientôt, dans l’enchevêtrement de ces habitations, au creux d’une chambre chaude, le premier réveil va retentir. C’est le moment de bascule.
Charles de Gaulle. Le ballet des avions fait frissonner le ciel et trembler la terre. Je ferme les yeux, blottie dans mon siège. C’est à peine si je sens l’accélération phénoménale qui nous propulse dans les airs. J’aime la douceur de ce décollage. Un décollage « l’air de rien ». L’ascension d’une plume.
En haut, tout là-haut, au-dessus des nuages. Bleu ciel et éclatant. Horizon limpide. Ceux qui ne dorment pas à poings fermés lisent le journal en remuant leur café. On dirait une publicité Air France. Je voudrais ne jamais redescendre. Me lover pour toujours dans ce paradis suspendu.
Redescendons sur terre. Direction Victoria station. A travers la fenêtre du bus, j’aperçois des gouttes de rosée briller sur l’herbe. Lumière du matin, lumière dorée d’automne. Je regarde les rayons du soleil jouer avec ma bouteille de still scottish Mountain Water. Derrière moi, un passager dégage une odeur écœurante de cuir, de cigarette et de chewing-gum à la menthe.
Premières briques rouges, premiers bow-windows : la Ville s’annonce. La rue joue son éternel spectacle, sous forme de tableaux muets, fragiles instants, aussi éphémères qu’un battement de cils. All the world’s a stage… Un enfant terrible se tord de colère dans sa poussette devant ses parents désemparés. Plus loin, une jeune fille en fleur ondule, moulée dans une robe blanche. Des travailleurs marchent d’un pas pressé tandis que des touristes souriants patientent devant la maison de Sherlock Holmes. Puis Primark. Les magasins d’Oxford Street et leurs affriolantes devantures.
Terminus ! Victoria ! Un petit saut et puis s’en va. Les pieds sur le bitume, le sac sur le dos, les sens en éveil. Londres me saute à la figure. Odorante, bruyante, froide, venteuse, lumineuse : elle est là, entière, totale. Le début d’une aventure.
No Comments